Marcher pieds nus : bon ou mauvais pour notre santé ?
Publié par Jean-Christophe Hardy dans Développement moteur · Jeudi 10 Fév 2022
Tags: développement moteur, marcher pieds nus, rôle du pied
Tags: développement moteur, marcher pieds nus, rôle du pied
Bien dans ses pieds, bien dans sa tête ! Vous l’avez certainement déjà expérimenté. Qu’il est bon l’été de quitter chaussettes et chaussures, pour marcher pieds nus dans le sable ou dans l’herbe ! C’est une habitude qui fait vraiment du bien. À part la plage en été, qui ose marcher régulièrement pieds nus ? Cette tendance, socialement peu acceptable, est d’ailleurs souvent vue comme une habitude de « hippies » ou de « va-nu-pieds ». Pourtant, autoriser ses pieds à respirer et oser les laisser entrer en contact avec le sol a de nombreux bénéfices, chez les enfants comme chez les adultes.
Le rôle du pied
Le pied assure toutes les actions de marche et de déplacement. À ce titre, il se trouve être l’un des organes les plus complexes de l’appareil locomoteur, aussi bien d’un point biomécanique que neurosensoriel.
D’un point de vue mécanique
D’une manière évidente, la base, c’est-à-dire nos pieds, permet d’assurer la stabilité de l’édifice entier. Le pied, composé d’une multitude d’os et d’articulations, est extrêmement bien conçu. C’est une structure complexe alliant stabilité, élasticité et solidité : 26 os, 16 articulations, 107 ligaments et 20 muscles intrinsèques (c’est-à-dire sans compter les muscles de la jambe se terminant dans le pied). Le pied est le véritable trait d’union entre le sol et la posture globale du corps.
Le pied, par l’organisation et la coordination de ses différentes articulations, tendons, ligaments, va avoir un rôle dans l’amorti, la stabilité, la propulsion et la réception. C’est un système complexe et relativement fragile. Ainsi, par leurs actions sur le pied, kinésithérapeutes et podologues vont pouvoir, par exemple, soulager les douleurs musculaires, articulaires et ligamentaires au niveau du pied, de la cheville, du genou, des hanches et du dos.
En définitive, le pied ne peut pas être considéré comme isolé du reste du corps par une division invisible. Il n’est qu’une partie de l’assemblage qui influe pourtant grandement sur l’ensemble du corps et est influencé par l’ensemble du corps. Afin de maximiser un traitement, il est donc préférable de retenir que l’on ne peut pas agir sur le pied sans avoir une action globale sur l’ensemble du corps.
D’un point de vue neurosensoriel
Nous venons d’aborder le système postural ou système de sortie. Mais ce qui nous intéresse davantage ce sont les phénomènes qui se situent en amont, au niveau des entrées : la peau plantaire et les très nombreux capteurs qu’elle contient. Si certaines civilisations ont compris depuis longtemps, empiriquement et intuitivement, que la peau commande le muscle (Philippe Villeneuve), la nôtre n’accorde qu’une importance marginale à l’étendue de son rôle non seulement mécanique, mais aussi neurosensoriel. Savez-vous que la peau et le système nerveux partagent la même origine embryologique ? Savez-vous que les pieds possèdent plus de 200.000 terminaisons nerveuses, ce qui les rend incroyablement sensibles ?
Le pied étant en contact avec le sol est une véritable « rétine tactile ». Son rôle est double : un effecteur, mais aussi, et surtout un capteur sensoriel. Il existe une très grande diversité anatomique et fonctionnelle des capteurs plantaires. Cette multiplicité les rend capables de coder pour les informations de la douleur, de force, de pression, de cisaillement, de discrimination et de qualité de support (texture, dureté, solidité, déformabilité…) de manière extrêmement fine et précise. Aujourd’hui, de nombreuses études mettent en évidence le rôle crucial des informations cutanées plantaires dans le contrôle postural. Ainsi, lorsque le corps humain s’incline dans une direction, les capteurs plantaires perçoivent l’augmentation de pression sous la zone plantaire vers laquelle le sujet s’incline. Et, afin d’assurer l’équilibre, le système nerveux réagit en mettant en jeu les chaines neuromusculaires permettant de recentrer le sujet. Vos informations plantaires, pas vos yeux, pas votre oreille interne, vous permettent de garder l’équilibre. Prenez soin de vos pieds, car ils jouent une part importante dans la fonction d’équilibre au quotidien et, ce, de manière automatique.
L'importance des pieds nus
L’inconvénient principal contre cette pratique est que l’on risque de se blesser en marchant sur un objet tranchant. C’est vrai ! Mais, plus l’on marche pieds nus et plus la peau devient résistante.
C’est pieds nus que le cerveau reçoit le plus d’informations sensorielles.
Nature, du sol, position du corps dans l’espace… grâce aux pieds (nus), le cerveau reçoit de précieuses données pour équilibrer le corps. Les sensations sont décuplées. Ce qui permet de beaucoup mieux ressentir la verticalité du corps, de la tête au pied.
Pieds nus, nous avons de meilleurs appuis.
Les orteils peuvent s’étaler et s’agripper pour plus de stabilité. Pieds nus, le mouvement de la marche sollicite davantage les orteils, ce qui conduit à avancer avec le dos plus droit, à redresser la tête et à ressentir une forme de légèreté, l’ensemble contribuant à évacuer les tensions.
Sans chaussures, nos pieds ont plus de mobilité.
Les muscles et les os se développent mieux sans contraintes. Pieds nus, la foulée est plus naturelle, car nous évitons d’instinct de poser le talon en premier. Nous effectuons, tout en marchant, une pression naturelle sur le dessous de nos pieds. Ceci entraine une activation de la circulation sanguine et lymphatique par effet de pompage. En conséquence, la mobilité décuple, nous développons plus de fluidité, plus d’énergie. Cette meilleure circulation énergétique booste notre système immunitaire.
Avantages potentiels à marcher pieds nus
Personne n’est à l’abri d’une chute ! Une chaussure qui bute sur un caillou, un sol qui se dérobe ou glissant… Marcher pieds nus favorise un meilleur équilibre et une meilleure coordination.
Marcher pieds nus réduirait également la charge supportée par les extrémités des articulations, particulièrement les genoux, pour les personnes ayant de l’arthrose. La charge baisserait ainsi de près de 11,9 %. Ce constat pose question sur la capacité des chaussures, même orthopédiques, à absorber les chocs.
Certaines chaussures (comme les tongs, les chaussures trop serrées ou les talons hauts) peuvent endommager la structure du pied et la façon de marcher. Marcher ou courir, l’important est d’éviter d’atterrir sur le talon, car c’est la zone du pied la plus sensible à la douleur. Une bonne paire de chaussures, afin de ne pas abimer le pied, répartit la pression au milieu et à l’avant, une position qui permet aux muscles autour du genou de mieux contrôler l’impact et qui aide la cheville à agir comme un ressort.
Source : bougribouillon.fr
Comment chausser les bébés ?
Les bébés ont particulièrement intérêt à marcher à pieds nus, car cela leur permet d’avoir une meilleure sensation et conscience du sol. Se déplacer pieds nus contribue également à muscler leurs pieds et leurs jambes tout en améliorant leur proprioception. Ils sont ainsi plus connectés à leur environnement. C’est quelque chose à recommander aux parents, au moins jusqu’au moment où leur enfant commencera à bien marcher.
Avant la marche
Laissez vos enfants marcher pieds nus ! Cette activité leur permettra de développer leur musculature et leur équilibre à leur rythme. En effet, marcher pieds nus permet le développement des récepteurs sensitifs du pied qui gèrent aussi bien les informations superficielles (température, rugosité du sol…) que profondes (équilibre, posture générale). De cette manière, votre enfant sera pleinement libre de découvrir ses capacités motrices sans entraves.
D’un autre côté, il est important que ces petits pieds soient libres de grandir sans contrainte tout en étant protégés. Si vous éprouvez le besoin de protéger ses pieds du froid ou du soleil, vous pouvez lui mettre des chaussettes antidérapantes ou des chaussons en cuir souple.
Après les premiers pas
Une fois que votre enfant marche régulièrement, vous aurez besoin d’investir dans une vraie paire de chaussures pour qu’il puisse aller affronter graviers, bitume et autres sols irréguliers, en forêt par exemple. Mais laissez-le pieds nus ou en chaussons souples le plus souvent possible quand le lieu le permet.
Jusqu’à l’âge de trois ans, les os du pied de votre enfant n’ont pas fini de se solidifier. Il convient dès lors de ne pas trop le comprimer dans une chaussure trop rigide : une semelle souple, une chaussure qui ne comprime pas trop la malléole.
Source : bougribouillon.fr
Bien choisir les premières chaussures de votre enfant
La plupart des enfants sont bien trop souvent affublés de chaussures plus maltraitantes les unes que les autres. Oui, de manière évidente, les chaussures influencent la statique du pied et donc toute la motricité de votre enfant. D’où l’importance de bien les choisir, surtout les premières !
Deux idées reçues
Les chevilles de votre enfant n’ont pas besoin d’un soutien extérieur ! C’est le travail actif des muscles et des ligaments qui permettra naturellement ce soutien. La cheville a besoin de bouger pour renforcer la musculature. Pas question de l’enfermer !
Pour se stabiliser, votre enfant n’a pas besoin d’une semelle dure ! Il a besoin plutôt de sentir ses appuis plantaires. La semelle doit permettre aux récepteurs sensitifs des pieds de faire leur travail. Elle doit être suffisamment souple et malléable pour capter toutes ces informations à envoyer à son cerveau afin d’affiner sa proprioception et son sens de l’équilibre.
La bonne paire de chaussures : des chaussures respectueuses
Vous pouvez le comprendre, la beauté ne devrait pas être le premier critère de choix. Premièrement, le bord de la chaussure doit s’arrêter sous la malléole pour que la cheville soit libre de mouvements et puisse se renforcer convenablement. Il pourra également disposer d’un maximum d’amplitude notamment lorsqu’il devra passer de la position assise à la position debout.
Deuxièmement, la semelle se laisse-t-elle plier en deux ? C’est une condition nécessaire pour que les récepteurs sensitifs du pied puissent capter toutes les informations en provenance du sol. Il pourra également prendre appui sur ses orteils et se propulser afin de changer de position, se lever, marcher à quatre pattes et puis debout.
Il faudra également être attentif à un système de fermeture assez solide afin que votre enfant ne perde pas ses chaussures en cours de route et simple d’utilisation pour vous faciliter la vie ou la sienne lorsqu’il les retirera de manière autonome.
Enfin, veillez à choisir des chaussures neuves ou très peu portées, car chaque enfant va les déformer à sa façon en fonction de la manière dont se développent ses pieds et ses chevilles.
Tout bien considéré, l’idéal et à tout âge, est de laisser suffisamment de liberté de mouvement au pied afin de travailler sa musculature et sa capacité d’adaptation, tout en lui offrant une protection appropriée à chaque activité. S’il fallait encore tenter de vous convaincre, le fait de marcher pieds nus serait non seulement bénéfique contre le stress et l'anxiété, mais aussi pour le dos et la circulation sanguine. Et cela aide à se recentrer sur son corps, son environnement et ses émotions.